Une Arène Désertée

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La vacuité des discours politiques des grands partis français, incapables d'appréhender les mutations contemporaines, a laissé le champ libre à deux adversaires, LREM et Rassemblement National, enfermés dans un débat manichéen dangereux pour la République.

Au lendemain des élections européennes, qui n'ont pas cessé de bouleversé l'Europe par leurs résultats, voilà qu'en France, des piliers du partie présidentiel, La République En Marche (LREM) s'inquiètent de la bi-polarisation de la vie politique française, mettant face à face le Rassemblement National et LREM.

(Lire lemonde.fr : https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/15/lagrande-peur-de-la-republique-en-marche-face-au-danger-du-rassemblementnational_5476625_823448.html )


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Or, il apparaît que la crainte nourrie par le parti présidentiel est légitime tant les adversaires de substitution, Parti Socialiste, Les Républicains, France Insoumise ou Europe Ecologie les Verts, en dépit de leur score lors du dernier scrutin, semblent désormais trop faibles pour proposer une alternative crédible aux deux partis dominants l'échiquier politique français.

Par Défaut ou Par Adhésion ?

Plusieurs raisons pourraient expliquer cette situation qui n'a rien d'hexagonale in fine car nombre de pays dans le monde (Grande-Bretagne, Italie, Etats-Unis, Hongrie,...) sont confrontés à la montée en puissance des populismes, mais le cas français est particulièrement atypique car nul n'aurait jamais imaginé que l'extrême droite puisse représenter une telle force politique, un tel contrepoids aux portes du pouvoir. Mais, et c'est là que la question se pose, l'est-elle vraiment ?


Le Cataclysme et La Souris

S'il est clair que certaines franges de la population sont attirées sans retenue ni complexe par le discours radical et xénophobe de l'extrême droite, une grande majorité d'entre elles préfèrent encore le silence et l'abstention. Plus simplement, Rassemblement National et LREM sont devenus des partis majoritaires par défaut et non par adhésion totale et absolue au discours proposé, au moins pour le second.

La vacuité et la pauvreté des programmes proposés tant par Les Républicains, tiraillés entre conservatisme social et libéralisme asynchrone, que par le Parti Socialiste, converti à la socialdémocratie sans en trouver l'essence sociale et progressiste, (Lire lesechos.fr : https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/olivier-faure-le-discours-de-philippe-desmots-de-gauche-et-des-mesures-de-droite-1028621 ) contribuent à la désertion d'un électorat souvent désabusé ou lassé d'oppositions stériles et dépassées que le XXIème a renvoyé aux archives de la Vème République.


Emmanuel Macron et....les Autres

Et en se penchant dans les discours proposés par LREM, amené à se convertir avec prudence à l'écologie, ou ceux du Rassemblement National pathologiquement gangrené par la peur de l'autre et du déclin qu'il est le seul à percevoir, l'on peut aussi constater la faiblesse et la sécheresse intellectuelle des idéologues de ces deux partis.

Vision et Combattants

Seul un drame s'impose : Nulle vision solaire et ambitieuse ne vient aujourd'hui animer le débat politique national, laissant à la médiocrité tout le loisir d'imprégner des discours souvent éloignés des réalités factuelles. Pour autant, le constat est là : LREM et RN s'affrontent seuls dans une arène politique désertée faute de combattants valables ou capable de relever le niveau des débats.

Le Général De Gaulle, qui avait conçu la Vème République comme l'espace de la bipolarisation de la vie politique, entre droite et gauche, imaginait alors un univers politique tiré vers le haut par des débats qui participaient à la construction sociale, économique et politique de la France.


Un Gilet Pour Mieux Respirer

Certes, l'esprit de la Constitution de 1958 est respectée et de bipolarisation il est toujours question mais le constat est là : aucun débat actuel ne tire la République vers le haut. Pis !

Ces derniers auraient même tendance à ternir l'esprit républicain en syphonnant toute forme de débats, en escamotant toute forme d'échanges non pas volontairement mais par l'occupation d'abord opportune ensuite entretenue du vide politique laissé par des concurrents incapables. Mais une fois le constat posé, que convient-il de faire ? Les solutions sont multiples et il appartient à chacun d'avancer les siennes. Avis aux amateurs...

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.