Diplomatie ou Sauve Qui Peut

La décision unilatérale des Etats-Unis de réactiver les sanctions d’essence onusienne contre l’Iran s’inscrit dans la politique sensationnaliste et provocatrice de Donald Trump. Mais le coup d’éclat ne révélerait-il pas une faiblesse du discours de l’actuel président?

Sans vouloir tomber dans la trivialité facile, il semble, à quelques semaines de l’élection présidentielle et légèrement dépassé dans les sondages par son concurrent démocrate Joe Biden, que Donald Trump essaie de sauver les meubles d’une présidence finissante.

Dernier coup d’éclat en date, la décision unilatérale des Etats-Unis de réactiver les sanctions décidées par l’Organisation des Nations Unies contre la République islamique d’Iran. L’annonce, qui ne s’appuie sur aucun fondement juridique, a d’ailleurs été rapidement contredite par le Royaume-uni, France et l’Allemagne qui ont de concert soulignés l’inanité de la mesure.

Alors pour quelle raison, Donald Trump, par la voix de Mike Pompeo, secrétaire d’État, s’est-il fendu d’une telle annonce?

Nationalisme et Convictions

La réponse paraît tout à la fois simple et complexe, du moins dans ses conséquences. Simple car le président Trump sait que chaque coup d’éclat, fut-il inutile ou voué à l’échec, satisfera et rengorgera un électorat, ici le sien, friand de sensationnalisme prêt à flatter le nationalisme nord-américain.

Toujours ancré dans son slogan de campagne de 2016, Make America Great Again, et convaincu tant de la formule que de son contenu, Donald Trump, en homme d’affaires avisé conscient des effets d’une communication bien rythmée, sait que ce type d’annonce est capable de remobiliser un électorat en mal de convictions ou de certitudes quant aux capacités du président d’assumer un second mandat.

Mais complexe car s’aventurer sur le terrain de la politique étrangère, notamment la question du nucléaire iranien implique non seulement les Etats-Unis mais aussi des partenaires européens et internationaux.

La question iranienne qui hante la Maison Blanche depuis 1979 ne pourra certainement pas se régler à coup d’annonces cavalières ou va-t-en-guerre comme celle-ci. Pourtant, si cette annonce peut dénoter une forme de méconnaissance des méandres du problème iranien, elle n’en possède que la façade car diplomates et experts nord-américains maîtrisent parfaitement le problème.

Lassitude et Pondération

Mais l’art de la provocation et de la bravade font partie intégrante de la politique de Donald Trump qui a habitué son auditoire national et international à ce type sortie toujours médiatique.

Habitué certes mais au risque aussi de lasser car la politique du tweet ou de la déclaration à l’emporte pièce comporte des risques que le scrutin du 3 Novembre 2020 pourrait mettre en exergue.

Et une analyse plus fine de renvoyer la dite déclaration à fondre dans un discours électoral qui, sur fond de covid-19, de réunions de campagnes perturbées, de difficultés économiques et de sondages à ce jour défavorables (voir realclearpolitics.com), peine à séduire un peuple américain peut-être soucieux de confier les rênes du pays à un président plus pondéré.

In fine, simple ou complexe, la raison qui a poussé Donald Trump à lancer une telle déclaration témoigne peut-être d’une présidence en fin de course, d’un candidat conscient des faiblesses de sa candidature et de son bilan. Mais une élection n’étant jamais jouée, le pari provocateur de Donald Trump sera peut-être payant...ou pas.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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