Fin d'épisode ou Début d'histoire

Alors que la victoire de Joe Biden scelle le départ de Donald Trump de la Maison Blanche, elle n'éteint pas nécessairement la fièvre populiste car les Américains restent profondément divisés, reflétant le populus français.

Les racines du mouvement porté par l'idée d'une confrontation entre les peuples et les élites sont capables de donner naissance à une nouvelle forme de populisme, plus sournoise car elle influence le discours à vocation équilibrée.


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D'aucuns, et à raison, pourraient penser que la défaite de Donald Trump à l'élection présidentielle sonne le glas du populisme politique qui a prospéré en divers endroits de la planète depuis une dizaine d'années.

Etats-Unis, Royaume-Uni, Hongrie, Pologne, Italie sont autant de pays à avoir cédé aux sirènes d'un courant politique mêlant simplifications et exagérations à des fins purement électorales, opposant peuple et élites politiques, économiques ou médiatiques mais sans solutions pérennes pour l'intérêt général.


La Puissance au-delà de l'Election

Ce sentiment qui vise à penser que le populisme est possiblement en train de vivre ses dernières heures, légitime et compréhensible, doit cependant être pondéré car si les dirigeants populistes sont progressivement amenés à quitter le pouvoir, car incapables, ou à se discréditer au sein des institutions internationales, voire au sein de leur propre pays (il suffit d'apprécier l'ampleur des manifestations pro-avortement en Pologne qui témoignent de l'élan libertaire et démocratique de cette dernière), il est possible que le populisme prenne d'autres formes. Une explication s'impose.

Double Crise et Complexité

La conjonction actuelle mondiale de la crise sanitaire et économique, la première nourrissant la seconde, le poids et les effets de la mondialisation, pourrait pousser, dans les mois ou les années à venir les populations les plus exposées aux conséquences de cette double crise à, sinon ouvertement opter pour des régimes clairement populistes, mais à se tourner vers des thèses empreintes ou influencées par des discours populistes portées par des candidats ou des partis que l'on qualifiera de modérés ou républicains.


Apprendre a se Comprendre

Cette insinuation du populisme dans le discours relevant avant tout de l'intérêt général traduirait plusieurs évolutions au sein même de sociétés aujourd'hui à la recherche de sens et de repères.

Première d'entre elles, la porosité et la fragilité des discours conventionnels à des thèses qui n'appellent finalement que peu de connaissances de la complexité qui préside à nos société contemporaines. Le raccourci politique, servit par des thèses conspirationnistes ou complotistes dont le populisme sait faire ses choux gras, menace partis et organisations reconnus pour leur pondération mais souvent en peine à résoudre les équations sociétales.

Deuxième évolution, celle de populations en quête de solutions et de réponses à leur mal-être que celui-ci soit social ou économique. Le populisme qui prospère avant tout sur la peur de l'inconnu et du lendemain, dans l'idée d'un ennemi incarné par des élites politiques égoïstes, trouve dans les interrogations de notre époque un terreau fertile à sa croissance.

Influence et Renouvellement

Ainsi, le départ quasi-certain de Donald Trump de la présidence des Etats-Unis, marque certes la fin d'une période que les historiens auront pour tâche de qualifier dans les années à venir, mais ne scelle pas nécessairement celle du populisme.


Une question de Perméabilité

L'épisode Donald Trump a mis en évidence le fait qu'un pays à l'influence globale pouvait céder à la tentation populiste, accréditant ainsi la possibilité d'une gouvernance populiste. Or, le départ de celui-ci, qui ne clôture pas nécessairement l'expérience, ouvre peut-être une ère de turbulences politiques où le populisme, capable de se renouveler, ce qui est d'ailleurs sa force, cherchera par les moyens à sa disposition à s'imposer directement ou indirectement. Plus que discours novateurs, c'est probablement de prudence qu'il faudra faire preuve dans les années à venir.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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