Un Monde à Part

L’homicide de Nahel M. associé aux émeutes urbaines des jours passés plongent la France dans une crise de régime et, inédit, dans une crise de légitimité où la République est bousculée dans ses fondements, ses symboles et ses institutions.

Après l’épisode de la réforme des retraites qui avait poussé le pays dans une de crise de régime, voilà que les émeutes urbaines consécutives à l’homicide de Nahel M. en génère non seulement une nouvelle mais accouche aussi d’une crise de légitimité propre à altérer, voire à remettre en question pour certains émeutiers, la République elle-même.


Poutine et le Déluge

Touchée en son sein car impliquant les forces de l’ordre, décrédibilisées dans leur action par l’acte commis par le brigadier auteur du tir mortel sur Nahel M., mais aussi par les dégradations ayant touché des bâtiments publics, des mairies en l’occurrence, la Vème République traverse certainement parmi les épreuves les plus déstabilisantes de son histoire.

Crise de régime d’abord car elle met l’exécutif face à des responsabilités presque inédites, à savoir assurer simultanément la justice la plus absolue dans l’affaire de l’homicide de l’adolescent, ne pas céder aux sirènes de l’autoritarisme aveugle par une répression disproportionnée qui serait mal interprétée au point de démultiplier les tensions actuelles, et assurer le maintien de l’ordre républicain dans le respect des institutions.


Le Risque du Faux Pas

Jaurès, Clemenceau et l’abîme

Et le débat Jaurès - Clemenceau de ressurgir, lui qui en 1906, avait opposé les deux hommes, le premier défendant des manifestations ouvrières légitimes sur le fond, le second défendant l’ordre public et au nom des institutions républicaines. Car entre l’affect et la loi, la passion et la raison, il est un fossé qui ne cesse de se creuser, travaillé plus encore par la culture du paraître et de la superficialité devenue omnipotente.

Crise de légitimité ensuite car le rapprochement des crises sociales, telle que celle que nous vivons actuellement, est inversement proportionnel au respect et à la confiance portés à la République par certains de nos concitoyens. L’abîme, car il ne s’agit plus de fossé, qui existe entre certaines franges minoritaires de la population totalement « dérépublicanisées » et le restant de la population est au coeur de cet épisode.


Avec ses Propres Armes

Animée d’un sentiment d’impunité, nourrie de discours fantasmés et complotistes véhiculés par les réseaux sociaux, en rupture complète avec la citoyenneté enseignée par l’Ecole d’ailleurs totalement décrédibilisée dans son action, cette population, déscolarisée ou en rupture avec le système scolaire ou échappant à un quelconque contrôle parental, confronte aujourd’hui l’Etat, se greffant sur la mort de Nahel M. pour manifester sa méfiance exacerbée de la République et de l’autorité qu’elle incarne mais aussi de l’État et de tous ses attributs quels qu’ils soient (Ecole, Force de l’ordre, Mairies,…).

Pavloviens et monde à part

Dans une forme de rejet des institutions que peu d’entre eux connaissent et affrontent par réflexes pavloviens de contestation bornée, ces franges de la population capables de terroriser des quartiers urbains entiers, défient l’État et la République.


De l’exigence Républicaine

Or si la contestation de l’État et de l’ordre restent parmi les premières motivations, celles-ci s’avèrent finalement superficielles ; Les racines essentielles étant certainement à rechercher dans une forme d’ignorance, d’inculture et de médiocrité à laquelle s’ajoute une incompréhension du système socio-politique dans lequel ils vivent sans y trouver leur place. Evoluant dans un monde à part, lui-même articulé autour de ses propres lois et de territoires considérés comme soustraits à la République, ces populations tentent de briser les repères républicains communs, propageant ainsi les germes d’une guerre civile pour l’heure en gestation.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

 

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