L’arme Emploi

Les mesures annoncées par le Gouvernement afin de réduire la durée d'indemnisation et le montant des allocations attribuées aux demandeurs d'emploi dans un objectif de relance du marché de l'emploi cachent mal la volonté de réduire le déficit public et la stigmatisation à peine voilée des demandeurs d'emploi.

La réforme de l'assurance-chômage, présentée le 27 mars dernier par le Premier Ministre Gabriel Attal et selon les dires de ce dernier, a pour vocation de provoquer un retour rapide à l'emploi. La méthode, simple, est déjà engagée depuis 2017 : réduire le montant et la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi. La mesure n'est pas nouvelle dans un pays qui n'a jamais su depuis les années soixante-dix dompter le chômage de masse, plaie impossible à guérir dans la septième puissance économique mondiale (Données Statista 2022).


Tensions sans fin au Proche-Orient

Un Chômeur, Un Emploi

Si pour de nombreux économistes l'idée de réduire indemnisation et durée associée peut potentiellement avoir des effets (rappelons toutefois que depuis deux trimestres consécutifs le taux de chômage a encore augmenté pour se fixer au quatrième trimestre 2023 à 7,5 %), la mesure en question s'inscrit surtout dans la volonté du Gouvernement de poursuivre la réduction du déficit public fixé par le Ministère des Finances, réduction établie cette année à dix milliards d'euros.


Faim de Pouvoir et fin de Règne

Concrètement, les mesures proposées par le Gouvernement, qui entreront en vigueur au 1er juillet prochain, devraient selon les premières estimations de Bercy, générer entre deux et trois milliards d'euros d'économie. D'un point de vue comptable, le Gouvernement peut se frotter les mains en considérant que ces économies et les mesures qui les génèrent poussent encore un peu plus le pays vers le plein emploi fixé à 5 % de la population active. Objectif ambitieux certes.

Sauf qu'avec trois millions de demandeurs d'emploi indemnisés, qui pour leur immense majorité n'a en rien demandé à subir cette situation, et des entreprises, qui pour certaines peinent lourdement à recruter, il n'est pas écrit que l'on pourra mettre un chômeur devant chaque emploi vacant.


Du Gaspi à la Sécu

Précarisés et Stigmatisés

Ainsi, indépendamment de la mesure purement financière que recèle cette réforme, se cache aussi en filigrane l'idée que les demandeurs d'emploi se complaisent dans l'inactivité temporaire qui est la leur, donnant de ces derniers l'image de parasites de la société vivant de la générosité de l'Etat Providence. Là encore, c'est mal connaître la réalité socio-économique du pays et surtout de ceux qui sont soumis à l'allocation-chômage.


Un Duel et des Raisons

Déjà précarisés en raison de leur situation, les demandeurs d'emploi se retrouvent ainsi stigmatisés et potentiellement contraints d'accepter un emploi qui ne le convient pas. Avec quel résultat : démission de l'emploi concerné, mal-être,...Et retour à France Travail.

Une évidence s'impose : appeler à une baisse du nombre de demandeurs d'emploi est louable ; culpabiliser ces derniers n'est en rien une solution. Preuve en est, une fois encore, que l'arme de l'emploi s'utilise souvent à dessein dans une logique populiste, gratuite et facile.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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