Du Gaspi à la Sécu

L'Assurance-Maladie soucieuse de réduire la fraude aux arrêts de travail lance une campagne de lutte contre les salariés indélicats amenés à profiter des failles du système. Si ces dernières restent entières pourquoi alors ne pas tenter de les résorber avant de culpabiliser des salariés occupés à conserver leur emploi.

Populaire dans les années soixante-dix, décennie marquée par le premier choc pétrolier de 1973 – 1974, l'expression chasse au gaspi a retrouvé une énième jeunesse au regard de la volonté de l'Assurance-Maladie de lutter contre les fraudes aux arrêts de travail. Rappelons incidemment que l'expression a maintes fois résonné, et résonnera encore, dans les ministères tout comme dans les ménages depuis plus de cinquante ans.


Un Duel et des Raisons

Mais, cette fois-ci, ce sont donc les arrêts de travail qui sont dans le viseur du Ministère des Finances et de la Sécurité Sociale. L'objectif est simple : réduire au maximum le coût des arrêts en question pour travailler à la réduction du déficit public.

Fixée à dix milliards d'euros cette année par le ministre des Finances, Bruno Lemaire, le choix est donc fait de tomber à bras raccourci sur les salariés tentés de solliciter un arrêt si d'aventure ils présentaient des troubles susceptibles d'en provoquer un. L'idée, simple et déjà à l'étude est d'augmenter les jours de carences, passant ces derniers de trois à sept, d'aucuns appelant ça de la dissuasion sanitaire.

Travail Devenu Précieux

Pour autant, indépendamment des idées avancées, celle-ci ou une autre, il apparaît clairement que l'État et le Gouvernement ont ouvert une chasse aux salariés désignés comme coupables d'être, de temps à autres, malades.


Faim de Pouvoir et fin de Règne

Ce que semble toutefois oublier la Sécurité Sociale, noble et vénérable institution dont toutes les branches ne sont pas déficitaires, c'est que, globalement, personne ne souhaite être malade ou en arrêt pour la simple et bonne raison que le travail, devenu précieux et essentiel, pour l'immense majorité des salariés, se présente encore comme une priorité.

Précisément, il serait peut-être intéressant de renverser la table et de s'interroger sur le nombre de personnes qui se rendent sur leur lieu de travail tous les jours en étant souffrants (hors maladies longues ou incurables), préférant s'affranchir de tout arrêt car ces derniers ont un coût et un effet immédiat sur le salaire mensuel. Certes, d'aucuns argueront qu'il existe des professionnels de l'arrêt maladie tout comme il existe pléthore de praticiens qui distribuent les arrêts de complaisance.


L’Europe et Tocqueville

Etat-Providence

Mais si réfléchir aux moyens d'effectuer des économies substantielles est louable, traquer les salariés relèvent d'un combat facile qui devrait peut-être être remplacé par une réflexion plus profonde sur la nature et les objectifs de l'État-Providence sans que celui-ci défasse de ces avantages ceux qui l'alimentent par leur travail actuel ou passé.

Prenant comme postulat de départ que les soins médicaux sont remboursés par la Sécurité Sociale, notre système entérine de fait la possibilité d'une fraude.

Donc à lutter contre quelque chose, il convient de lutter contre les failles du système et non pas engager un combat disproportionné contre des salariés plus préoccupés à conserver leur emploi qu'à se vautrer dans le luxe, des plus relatifs et des plus discutables, de l'arrêt de travail et de ses conséquences financières.


Alexei Navalny, Martyr Sans Echo

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

Haute Tease