La Politique Par Le Vide

Alors qu’approchent les élections régionales, se pose à nouveau la définition du macronisme. Philosophie politique à part entière ou mode de fonctionnement dédié à la survie d’un parti et de son chef de file, la question reste entière. Tentative d’explication.

Depuis mai 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron comme président de la République, nombreux sont les éditorialistes, politologues, journalistes et autres experts en sciences politiques à avoir tenté de définir ce qu’était le macronisme.


Beltway Insider: Biden, SOTU, GOP Reply, Newsom/CA UI, COVID/Vaccine Totals, India, Israel, Michael Collins

L’exercice est ardu car élu contre toute attente, en renvoyant les parties traditionnels au rang d’accessoire du paysage politique, voire de variables d’ajustement parlementaires, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de continuellement brouiller le message qui sous-tend son action : protecteur et social à l’heure de la pandémie, libéral et entrepreneurial quand s’impose la nécessité de relancer l’outil économique mis à mal par les conséquences de la pandémie, réformateur sans complexe quand l’environnement politique s’y prête.

Pour beaucoup illisible et incompréhensible, le macronisme, qui ne s’incarne in fine que dans son chef de file, ne cesse d’interroger, oscillant entre doctrine et outil politique à même de répondre aux exigences imposées par la conduite d’un Etat.

Concepts Structurants et Alliances

Pourtant, quatre ans après son accession au pouvoir, une tentative d’explication pourrait, prudemment, être avancée et se résumerait par l’idée que, théorie politique finalement vide de concepts fondateurs et structurants, le macronisme se fondrait avec n’importe quelle philosophie politique à condition que celle-ci assure sa survie et sa pérennité, forme de parasite capable de s’adapter aux circonstances, mélange protéiforme de libéralisme assumé et de social-démocratie laïque poussée à son paroxysme.


L’ENA et les Elites

L’exemple du soutien de la République en Marche au président sortantdelarégionProvence-AlpesCôtesd’Azur,RenaudMuselier,envuedesélectionsrégionales de juin prochain en est le parfait exemple, quand bien même cette alliance viendrait-elle à ternir les relations de la LREM avec les autres composantes locales.

L’objectif n’est pas tant de séduire que de survivre en se ralliant à celui qui présente les meilleurs atouts pour l’emporter. Et peu importe si dans six mois ou un an il faut repenser les alliances, celles-ci ne sont étudiées qu’à des fins de conservation du pouvoir.


Le Covid, Un Vaccin Et Du Cynisme

Ce vide, évoqué plus haut, expliquerait alors en partie, le désarroi des parlementaires LREM, maëlstrom informe de centre-gauche, de centre-droit et de députés non- apparentés qui tous défendent un homme et son projet plutôt qu’un parti et sesidées.

Contraintes et Impuissance

Ainsi en phagocytant des ensembles politiques anciennement établis, le marcronisme a-t-il vidé de leur substance des partis incapables de proposer une synthèse aboutie de leur philosophie politique adaptée aux contraintes contemporaines.

Ce qui fait alors du macronisme non pas une doctrine mais un mode de fonctionnement politique, adaptable à l’infini, rompant avec les mécaniques d’alliance basées sur des concomitances idéologiques fortes.


La Guerre et la Honte

Et pour l’heure, il semble que l’alchimie fonctionne même si le test des élections régionales donnera un aperçu de la viabilité et de la pertinence de cette logique électorale. Les cris d’orfraie poussés par Les Républicains, outrés pour certains par cette alliance, n’y changeront rien mais témoignent de cette impuissance teintée de frustration à faire face à un nouveau mode de fonctionnement aux parfums darwiniens.

En cela le macronisme renouvelle l’univers politique qui prévalait jusqu’alors mais en cela aussi il l’épure de principes et de certitudes politiques qui avaient bornées la Cinquième République sagement ordonnée autour d’une bi-polarité rassurante. Visiblement, les temps ont changé.

 

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

Haute Tease