Devoir Critique Et Outil Mémoriel

La passe d'armes verbales entre Benyamin Netanyahou et Emmanuel Macron illustre toute la complexité à critiquer l'État d'Israël et ses actions militaires sans que celui-ci n'engage l'outil mémoriel. Explications.

En répondant à Emmanuel Macron que « ce n'est pas la résolution de l'ONU qui a établi l'Etat d'Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d'indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de la Shoah – notamment du régime de Vichy en France », Benyamin Netanyahou coupe court à toutes discussions portant sur les guerres menées contre le Hezbollah à Gaza et au Liban.


La Fuite en Avant

Usant de la culpabilité des nations occidentales au regard des atrocités commises contre le peuple juif européen durant la Seconde Guerre mondiale, par ailleurs ici très cyniquement instrumentalisées par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou sait que personne ne viendra alors contester son action militaire menée au nom de la sécurité d'Israël.

Pourtant, si cette dernière est légitime et reconnue par tous, la question se pose de savoir si Israël est en droit de martyriser des populations civiles, qu'elles soient gazaouis ou libanaises, toujours au nom de sa sécurité ?


L'Homme Lige

Intervention et Jugement

D'aucuns affirmeront que la réponse est dans la question, et que sans évidemment remettre en cause sa sécurité, Israël fait ici preuve d'excès militaristes au point de commencer à irriter l'allié nordaméricain qui a, par la voix de Joe Biden, condamné l'intervention au Liban.

Parallèlement, il est aussi aujourd'hui devenu extrêmement épineux d'évoquer les actions de l'État d'Israël au risque de se voir taxer d'anti-sémitisme. Or les deux notions sont différentes mais habilement instrumentalisées par Benyamin Netanyahou car si l'anti-sémitisme se veut être la haine nourrie à l'endroit du peuple juif, position des plus condamnables, critiquer Israël revient à porter un jugement neutre et objectif sur la politique d'un Etat qui bafoue depuis 1967 les résolutions de l'ONU lui intimant de quitter les territoires occupés depuis la Guerre des Six-Jours.


La Guerre sans Crainte

Ainsi, en rappelant que l'État d'Israël s'est créé avec le sang de combattants héroïques dont beaucoup étaient des survivants de la Shoah, Benyamin Netanyahou alourdit le débat de considérations affectives et charnelles fortes et incontestables qui renvoient à une histoire dramatique ; comprenez : ceux qui critiquent aujourd'hui les actions militaires d'Israël attentent aussi à sa sécurité et à son avenir au regard du passé connu de tous.

A ce titre, le Premier Ministre israélien se sait donc intouchable, appuyé par les Etats-Unis, allié non impliqué dans le génocide juif, qui peut se permettre d'adopter une posture de donneur de leçon face aux Européens occidentaux, et sûr de son fait car ces mêmes Européens, rongés la culpabilité, n'oseront jamais franchir la frontière d'une opposition nette et déclarée à Israël, punis et contraints qu'ils sont par un passé ineffaçable.

Est-ce à dire que ce conflit ne trouvera jamais de fin ? Nul ne sait le dire à ce jour tant les plaies de la Seconde Guerre mondiale restent vives, les alliances politiques et géopolitiques mouvantes, sans cesse renouvelées dans une région où Histoire et politique se nouent et se dénouent depuis près de 3000 ans.


Beaucoup à Faire

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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