Kiev ou Rafah
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- Category: France A&E, Lifestyle, Culture
- Published on Wednesday, 15 May 2024 10:23
- Written by Olivier Longhi
Si la Russie de Vladimir Poutine semble tirer de nombreux avantages du confit entre le Hamas et Israël, celui-ci est aussi aidé par la sensibilité historique du Moyen-Orient aux soubresauts des acteurs qui le composent. Essai d'explication.
D'un point de vue politique, militaire et tactique, il faut reconnaître que l'ouverture d'un front au nord de Karkhiv par les forces russes, sans relever du génie, est finement bien joué, et ce pour plusieurs raisons.
Pari risqué à Tel Aviv
La première est que dans l'attente des armes et des crédits l'un et l'autre alloué par les Etats-Unis, l'Ukraine se retrouve dans une situation des plus inconfortable : Manque d'hommes et de munitions, territoire chaque jour amputé plus encore que la veille,…autant d'éléments qui travaillent à la réussite de l'opération lancée par Vladimir Poutine voilà plus de deux ans.
La seconde est que, obnubilée par le conflit entre le Hamas et Israël, l'attention mondiale s'est focalisée depuis le 7 octobre dernier sur le Proche-Orient faisant de Moscou le vainqueur objectif de la confrontation entre le mouvement terroriste et l'État hébreu.
Il n'en fallait pas tant à Vladimir Poutine pour lui permettre de poursuivre sa campagne contre Kiev. La situation actuelle se veut ainsi assez explicite, pour ne pas dire évidente, sur le poids du conflit russo-ukrainien dans l'opinion publique internationale.
Si les Étudiants s’en Mêlent
Hiérarchie du Désespoir
Longtemps au rang des préoccupations diplomatiques mondiales, le conflit en Europe de l'Est s'est soudainement vu supplanter par celui qui agite depuis plus d'un demi-siècle désormais le MoyenOrient.
D'aucuns y verraient une forme de cynisme (la diplomatie en est cependant remplie) quand d'autres crieraient au scandale arguant du fait qu'un conflit, quel qu'il soit, n'est pas plus important qu'un autre, qu'il n'existe pas de hiérarchie dans la détresse et le désespoir suscité par l'un ou l'autre. Cette dernière thèse s'avère d'un point de vue moral et humain des plus justes, mais force est de constater que certaines régions du monde sont plus sensibles que d'autres, de par leur histoire mais aussi de par les acteurs qui s'y expriment.
Le trio infernal composé de l'Iran, d'Israël et des Etats-Unis suffit à lui seul à focaliser toutes les attentions car tous, excepté les Etats-Unis, savent se révéler éruptifs et impulsifs au point d'enflammer définitivement et cruellement la région.
La proximité, qui plus est, des aires pétrolifères (Golfe Persique, Arabie Saoudite, Qatar, Koweit, Irak) renforce ce sentiment de crainte. Est-ce à dire que l'Ukraine et ses libertés sacrifiées pèsent moins dans la balance diplomatique ?
Tensions sans fin au Proche-Orient
Il appartient à chacun de répondre à cette question mais il n'est pas interdit de penser que parce que dénuée de toutes matières premières énergétiques vitales, l'Ukraine avait, bien avant le 7 octobre dernier, commencé à perdre tout intérêt au yeux des chancelleries occidentales, certaines optant tacitement pour un enlisement et l'aboutissement à un statu quo général du conflit, d'autres pour une aide mesurée à accorder, aide suffisamment substantielle pour conférer à Kiev le sentiment de ne pas l'abandonner sans pour autant trop s'engager et ainsi éviter les conséquences qui pouvaient en découler.
Dilemme diplomatique s'il en est...Mais pour l'heure, une réalité s'impose : l'ouverture d'un nouveau front en Ukraine par la Russie et la menace d'une opération militaire d'ampleur à Rafah (Bande de Gaza) tiennent en haleine les différentes chancelleries. A savoir, qui de l'ouverture du nouveau front ou de la menace israélienne sur Rafah sera la plus scrutée ?
Du Gaspi à la Sécu
Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.