Syrie à Quitte ou Double
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- Category: France A&E, Lifestyle, Culture
- Published on Thursday, 12 December 2024 12:04
- Written by Olivier Longhi
L'arrivée des rebelles de HTS à la tête de la Syrie pose de multiples questions à commencer par celle de la nature du nouveau régime. Démocratie ou démoctature ? Et quid des relations avec les pays frontaliers dans une région déjà sous tension ?
Débarrassée de la dynastie Al-Assad, la Syrie n'en est pas moins encombrée des questions qui entourent l'arrivée au pouvoir des rebelles islamistes. Si ces derniers cherchent depuis plusieurs jours à se montrer sous le meilleur jour, ouverts au dialogue et prompts à extirper la Syrie de l'héritage des Al-Assad, d'aucuns s'interrogent sur les motivations profondes du mouvement HTS qui a donc pris en mains les destinées du pays.
Retour de Bâton
Quid des libertés individuelles et fondamentales ? Des droits des femmes ? Des relations avec Israël, la Turquie, l'Iran et l'ancien allié la Russie devenue terre d'asile d'Al-Assad ? Autant de questions qui restent à cette heure sans réponse mais que la réalité géopolitique locale et la conjoncture mondiale se presseront d'amender. Ainsi, premier chantier du nouveau gouvernement, établir une passation de pouvoir efficace et apaisée entre les anciens ministres de Bachar Al-Assad et les nouveaux tenants du pouvoir.
Démocratie Ouverte
Autre chantier,et non des moindre, définir les règles sociales et juridiques d'un pays qui vit depuis 1970 sous le joug violent et sanguinaire d'une famille, les Al-Assad, dont les méthodes se sont toujours plus rapprochées de celles d'une dictature féroce que d'une démocratie libérale.
Le Temps et le Paillasson
Et c'est d'ailleurs sur ce point bien spécifique que sont attendus les nouveaux hommes forts de la Syrie. Mettront-ils en place une démocratie à l'occidentale ou une sorte de démoctature à la Russe, comparable à celle de Vladimir Poutine ? Les aspirations du peuple syrien sont grandes et fortes, en gestation depuis le printemps arabe de 2011 où la Tunisie et l'Egypte avaient ouvert le bal de la rébellion des peuples usés par des régimes oppressifs et démesurément autoritaires. Hélas ! Les années qui suivirent virent les deux pays retomber dans leurs travers originaux où les velléités libertaires ont été confisquées par un pouvoir aux allures démocratiques mais en réalité castrateur.
C'est justement cette étape, ce dévoiement, que doit éviter la Syrie pour ne pas réécrire l'Histoire dictée par la voix des rebelles islamistes du HTS. Et les nations occidentales de veiller au grain en s'intéressant au plus près à l'avenir de la Syrie qui pourrait alors, bien dirigée, devenir un pivot et un relais régional crédible au Moyen-Orient à même de contrôler les élans et les pulsions d'Israël.
Mue Diplomatique
Passé Commun
Parallèlement, les démocraties occidentales tireraient plus encore avantage d'une Syrie reconstruite sur des bases démocratiques, notamment la France, qui par son passé commun avec Damas, pourraient y trouver un allié de poids au Proche-Orient, Paris qui peine à faire entendre sa voix dans la région au profit des Etats-Unis et de la Russie.
Dernier chantier enfin, les relations internationales, en particulier celles à venir avec les pays frontaliers que la sont la Turquie, la Jordanie, l'Irak, Israël, et le Liban. Exceptés la Turquie et la Jordanie, toutes les autres nations sont enlisés dans des conflits ouverts ou larvés, d'essence politique ou religieuse, quand ce n'est pas les deux.
A la Syrie donc, et à son nouveau gouvernement de jouer la bonne partition pour assurer sa résurrection sans froisser des voisins susceptibles à de multiples égards. La tâche s'avère passionnante mais immense, reste à savoir si les rebelles HTS mus en dirigeants d'apparence raisonnée sauront faire face au défi qui se pose à eux.
La Chance D’une Histoire
Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.