Pékin: Si Proche, Si Loin

Puissance extrême-orientale capable de défier les Etats-Unis, la Chine peut aussi se permettre de tenir à distance ces partenaires européens venus chercher une solution diplomatique au conflit ukrainien. Explications.

Il y a de cela quelques jours le Président Emmanuel Macron et Ursula Von der Layen, présidente de la Commission Européenne, se sont rendus à Pékin afin de pousser Xi JingPing, le président chinois, à infléchir la position de Vladimir Poutine quant à la question ukrainienne.


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Au terme de ce voyage économico-diplomatique, si la Chine s’est engagée à acquérir cinquante hélicoptères de combat H160 conçus et fabriqués par Airbus Helicopters et ce pour un montant estimé entre 750 millions d’euros et un milliard, le volet diplomatique s’est soldé par un demi-succès, les plus pessimistes diraient un semi-échec.

Car c’est un fait, la Chine n’a guère été impressionnée par le duo européen, certes convaincant mais insuffisamment armé pour déstabiliser un Xi Jing Ping sûr de son fait et de son influence. Les raisons de cet échec sont multiples mais parmi les premières, si ce n’est la première, c’est que ni la France, ni l’Union Européenne, (ce qui pour cette dernière est des plus inquiétants), ne représentent des puissances mondiales de premier rang.


Confusion de Genre

Voix de l’Europe

Tout au plus puissance moyenne, bien que dotée de l’arme nucléaire, la France ne peut opposer à la Chine que de puériles rodomontades loin d’effrayer l’Empire du Milieu. Quant à l’Union

Européenne, elle qui pensait, via la guerre en Ukraine gagner ses galons de puissance continentale, il convient d’admettre que les ambitions n’ont guère été suivies des faits.

Implicitement et discrètement soutenu par les Etats-Unis, le duo Macron-Van der Layen a pu néanmoins faire entendre la voix de l’Europe Occidentale, poliment entendue par Xi Jing Ping. Mais de là à affirmer que cette voix a été écoutée, la question reste en suspend et trouve rapidement sa réponse. Et pour cause.


Du Point Mort à la Sixième?

La Chine n’a qu’un besoin économique limité, certes non négligeable, de l’Union Européenne. Mais elle se sait grande puissance mondiale en devenir et peut donc à ce titre se montrer parfois distante voire désintéressée par les requêtes européennes.

Plus préoccupée par sa rivalité avec les Etats-Unis, soutien officiel des Européens, Pékin reconnaît dès lors la nécessité de privilégier sa relation avec Washington qui par voie de conséquence entretiendra celle entretenue avec les Européens. Position vexante pour les Européens, mais d’une réalité qui confine au cynisme, arme que la Chine manie avec aisance.

Otage

Second point, ne pas chercher à infléchir la position de Vladimir Poutine permet aussi à Pékin de maintenir ses partenaires économiques européens à distance dans une forme de chantage qui ne dit pas son nom. Enfin, ne pas interférer dans le conflit par une demande officielle à Moscou de cessezle-feu ou autre manœuvre diplomatique, offre à Pékin, là encore une relation privilégiée avec la Russie, finalement elle aussi otage des décisions actuelles ou à venir de Xi Jing Ping.


La Chine d’Après

Fragilisée par une confrontation qui s’éternise et des sanctions économiques qui commencent à se faire sérieusement ressentir, la Russie est aujourd’hui consciente de devoir conserver d’excellentes relations avec Pékin qui en cas de demande officielle, quelle qu’elle puisse être, obtiendrait satisfaction.

Dans un jeu diplomatique des plus pervers plus proche du billards à trois bandes que des négociations feutrées des chancelleries (même s’il y en a), la Chine se pose en arbitre d’un conflit purement européen, voire au-delà. C’est le propre des puissances mondiales, voire des superpuissances en devenir.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d’expérience, il est actuellement professeur d’histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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