L’Iran lève le Voile?

Alors que l'Iran est bousculé depuis plusieurs mois par des manifestations appelant à une libéralisation du régime, la République des Mollahs a annoncé abolir la Police des Moeurs tant redoutée par les femmes iraniennes.

Premier signe d'effondrement ou simple geste tactique ? Avec l'annonce de l'abolition de la Police des Mœurs qui veillait au respect de la loi imposant aux femmes de porter le voile sur l'ensemble du territoire iranien, d'aucuns penseraient que le régime montre ici une première faille.


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Il est vrai que ce qui peut être assimilé à un signe d'ouverture de la part de République islamique laisse à penser que l'Iran se dirige vers la voie d'une modernisation attendue tant en interne qu'en externe, de nombreux pays réclamant l'abolition du port du voile depuis de nombreuses années et plus largement un desserrement du régime englué dans une crise sociale, politique et économique sans fin.

Pour autant, aussi encourageant que soit ce geste, il faut rester prudent sur les ambitions des dignitaires du régime certes talonnés par des réformateurs de plus en plus puissants et écoutés.


On a Tous Besoin de Politique…

Une Jeunesse Tournée vers l'Ouest

Prudence donc et plusieurs raisons y invitent à commencer par la volonté des mollahs de vouloir calmer rapidement par un geste fort et concret la contestation sociale qui agite le pays depuis le 16 septembre suite à l'arrestation le 13 septembre dernier de Mahsa Amini, jeune étudiante kurde iranienne qui avait défié le pouvoir en retirant son voile.


Rétrécissement Idéologique

Deuxième raison, en décrétant l'abolition de la Police des Moeurs, le régime détourne aussi les manifestants des autres motifs de contestation susceptibles d'ébranler plus encore un régime fragilisé. Rongée par l'inflation, perclus de sanctions internationales, discréditée et isolée sur le plan international, l'Iran ne plus compter aujourd'hui que sur le soutien de la Russie et de la Chine, eux-mêmes en mal de reconnaissance, notamment la Russie.

Enfin, dernier point, et non des moindres, alors que l'Iran est fortement suspectée d'enrichir de l'uranium à des fins militaires, l'abolition de cet organe d'État, donne à l'Occident des gages de bonne volonté et de compréhension face à une jeunesse désormais plus tournée vers l'Ouest de vers l'Est. In fine, équation complexe que celle à laquelle est confronté le régime car à trop céder à une population iranienne globalement jeune et avide de modernité, le risque de voir la République islamique sérieusement vaciller, puis déborder, devient réel.


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Dans un autre temps, ne se contenter que de ce seul geste pourrait apparaître comme un minimum appelant à d'autres avancées tant le peuple iranien aspire à de profonds changements tant dans le statut des femmes en premier lieu mais aussi dans le fonctionnement de la société iranienne. Ainsi, affirmer que l'Iran est au bord d'une seconde révolution est certainement excessif mais n'est pas totalement inopportun pour autant.

Etouffée par des principes religieux jugés aujourd'hui dépassés, la population iranienne, cultivée et éduquée, ne saurait se satisfaire de la seule abolition de la police des Moeurs, cherchant très certainement dans les semaines à venir à pousser son avantage tant les manifestations ont su effrayer le régime.

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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