Baby Boom et Baby Crash

Le financement du budget de la sécurité sociale, et par conséquent celui des systèmes de retraite, sera compromis par la question de l'allongement de la période de cotisation. Les pensions sont également liées au taux de natalité et à l'espérance de vie.

Tel un serpent de mer, la nécessité de voter au plus tôt un budget revient inlassablement dans l'agenda des parlementaires, en l'occurrence ceux du Sénat amenés à examiner le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale avant d'examiner le suspension de la réforme des retraites.


Se réinventer pour se sauver

La Chambre Haute ayant déjà annoncé qu'elle voterait contre cette suspension, il est fort à parier que le texte, devenu point de crispation pour l'Assemblée Nationale, précipite la fin Gouvernement Lecornu.

Et si pour l'heure la question de la chute n'est pas à l'ordre du jour, il convient aussi de rappeler plusieurs éléments objectifs à même d'expliquer pourquoi les réformes successives portant sur le financement des retraites appellent toujours un allongement de la durée de cotisation, concrètement un allongement de la durée du travail. Premier facteur d'explication, la situation démographique de l'Hexagone. Avec un nombre moyen d'enfants par femme de 1,59 en 2024 (pour 1,8 en 2022), la France ne peut assurer un renouvellement des générations capable de résoudre la question du financement des retraites.


L’eau du Bain


Un monde de Victimes

Pensions et querelle

Pour que celui-ci soit a minima efficace, il conviendrait d'avoir un nombre d'enfants par femme d'au moins 1,8, voire 2,2 pour assurer un renouvellement optimal. Deuxième élément, toujours d'ordre démographique, et dont peu se plaindront, l'allongement de l'espérance de vie.

Fixée à 85,6 ans pour les femmes et 79,9 ans pour les hommes, l'espérance de vie joue un rôle considérable sur le financement des retraites au regard de la durée de versement des pensions. A la lecture de ces éléments, il devient obvie que les retraites qui s'enchaînent ne peuvent que proposer un allongement de la durée de cotisation.

Les débats entourant les carrières longues et les départs anticipées au regard de la durée légale n'apparaissent in fine que marginaux, relevant avant tout de la querelle idéologique. Instrumentalisé à des fins purement politiques, (François Hollande avait rétabli la possibilité d'un départ à soixante ans avec décote si les trimestres cotisés n'étaient pas suffisants) la question du financement des retraites a fini par perdre de vue l'intérêt général qui appelle un allongement de durée de cotisation afin que tous profitent du système par répartition.


Douleur et Rupture

Prévisions et allongement

Autre option, tout aussi douloureuse, celle qui consiste en une augmentation des cotisations patronales et salariales. Inaudibles pour les chefs d'entreprise, impensables pour les salariés, cette augmentation offrirait l'avantage de réduire de tout ou partie la durée de cotisation au regard des prévisions établies et d'assurer aux futurs retraités, celles et ceux nés entre 1965 et 1980, des pensions fermes et décentes.

Pour autant, cette option qui entraverait le pouvoir d'achat et pèserait sur l'emploi rendant le coût du travail potentiellement plus élevé, n'est pas à l'ordre du jour. Seule option qui finira à terme par s'imposer : l'allongement de la durée de cotisation.

Or, celle-ci n'est en rien nouvelle car déjà dans le courant des années soixante-dix, alors que le la natalité hexagonale avait amorcé sa décrue, tous les indicateurs montraient que le financement des retraites deviendrait problématique au tournant des années quatre-vingt dix. Ainsi, la première réforme en la matière intervint en 1994 avec le passage de 37,5 ans de cotisation à 40 ans. Les réformes successives ne firent que confirmer la réalité qui commença à s'imposer dans la décennie soixante-dix. De fait, une conclusion, s'impose : l'âge d'or des retraites a vécu.


Assumer et se Taire

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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