Douleur et Rupture

L'équation de la dette posée au Premier Ministre s'avère impossible à résoudre au regard des nécessités sociales à satisfaire. Sauf à sacrifier l'Etat-Providence actuel pour un système identique mais articulé sur d'autres priorités et un autre choix de société. Explications.

A peine nommé, déjà menacé au point de chanceler avant même d'avoir pu prendre possession du moindre ministère, le nouveau ou ex-nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu doit, sans faute et dans les meilleurs délais, proposer un budget à la représentation nationale.


Ridicule et Grotesque

Et comme chaque minute qui s'écoule ne fait que renforcer le caractère urgent de la chose, le budget en question se doit préserver l'Etat-Providence sans alourdir la dette tout en la remboursant et sans que cela pèse sur les ménages et l'environnement économique sensible à toute hausse ou baisse de taxes. Voilà donc le défi herculéen, l'équation à multiples inconnues, du Premier ministre qui semble, sans faire injure à sa personne, dépassé par la tâche tout comme d'autres le seraient face à de telles contraintes.


Assumer et se Taire


Le droit d’exister

Croissance et Restriction

Car la question qui se pose n'est pas tant celle de la dette, des intérêts de celle-ci ou de l'environnement économique que celle de l'Etat-Providence tel qu'il a été conçu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. D'inspiration keynesienne, l'Etat-Providence à la française s'est longtemps appuyé sur une croissance économique et démographique soutenue.

Or, à ce jour, ni l'un ni l'autre ne sont au rendez-vous rendant l'équation d'autant plus impossible alors que les Français sont très attachés à ce système qui joue un rôle d'amortisseur social et économique non négligeable (Les aides sociales ont représenté 30 milliards d'euros en 2024 ; les aides aux entreprises privées 200 milliards d'euros - 200 milliards : le coût exorbitant des aides publiques aux entreprises - L'insoumission). Et d'aucuns de crier à la nécessité d'engager une politique de restriction budgétaire en limitant les dépenses. Certes. Mais lesquelles ?

D'autres de demander une hausse des impôts dans leur globalité au risque de briser la faible croissance économique mais au profit de collectivités territoriales aux finances asséchées depuis la suppression  de la Taxe d'habitation. La réalité qui s'impose est pourtant tout autre. Sans le dire mais en le pensant si fort que tous l'entendent, la cure de cheval qui pourrait rétablir le patient France est telle qu'elle provoquerait sans doute des manifestations d'une ampleur inégalée pour protester contre des mesures visant à rétablir les comptes publics.


Poutine aux mains Libres

Hausse et Dépenses

Si la priorité est de sauver l'Etat-Providence, sans démagogie ou sévérité excessive, alors effectivement s'annoncent une hausse conjuguée de la fiscalité globale et une baisse des dépenses avec comme objectif final de dépenser moins mais mieux. Techniquement la méthode est réalisable, humainement elle ferait exploser des situations sociales aux conséquences cruelles.

Repenser l'EtatProvidence est donc peut-être une des premières tâches à accomplir, en redéfinissant les priorités de celui-ci et en responsabilisant des citoyens trop habitués au soutien aveugle de l'État. Et si le modèle libéralo-capitaliste qui prévaut à ce jour devait être toujours conservé et articulé autour de la question de la croissance, unique moteur alimentant l'Etat-Providence, alors plus qu'une dette ou des intérêts à rembourser, c'est un choix de société qui s'impose à l'Hexagone. Et il ne se fera pas sans douleur ni rupture.


De l’Etat fort à l’état faible

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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