Ankara aujourd’hui...Mais demain

La visite du pape Léon XIV en Turquie révèle le poids croissant de l'ancien empire ottoman dans la diplomatie internationale car capable de s'adresser à nombre d'acteurs. Mais cette influence, reconnue et avérée, n'aura peut-être qu'un temps.

Voilà un pays qui parfois, au gré des soubresauts de l'actualité et de la géopolitique, occupe le devant de la scène médiatique sans pour autant en prendre toute la place. La Turquie est donc ce pays, aux confins de l'Europe et aux portes de l'Orient, qui a récemment reçu la visite du pape Léon XIV. Cette visite, qui aurait pu sembler presque accessoire, a pourtant revêtu un intérêt tout à la fois religieux mais aussi diplomatique, le deux aspects pouvant à l'occasion de confondre.


Concernée mais dépassée

Ainsi, en se rendant en Turquie, le pape cherchait-il à rassurer la communauté chrétienne, discrète et peu nombreuse, quand au soutien du Vatican à leur endroit. Là encore, rien d'exceptionnel. Pour autant ; la visite d'un chrétien en terre musulmane n'a rien d'anodin au regard de la situation diplomatique globale et en particulier celle du Moyen-Orient.


Baby Boom et Baby Crash


Se réinventer pour se sauver

Politique autoritaire

Car la Turquie s'avère aujourd'hui un pays non pas courtisé mais ménagé en dépit de ses atteintes aux droits de l'homme et de la presse qui ne cessent d'ailleurs de se multiplier dans le silence des chancelleries internationales. Plusieurs raisons expliquent ce mutisme qui permet, au passage, à Recep Erdogan de poursuivre sans heurt sa politique autoritaire. Parmi les raisons avancées, le fait que la Turquie est aujourd'hui l'interlocuteur d'organisations ou d'Etats mis au ban des accusés.

La Russie de Vladimir Poutine qui sait trouver en Turquie un ensembles de matériels militaires, notamment des drones de combat, est un fidèle du président turc. Terre musulmane sunnite, la Turquie est aussi écoutée et entendue du Hamas, ennemi juré d'Israël avec qui Ankara entretient aussi des relations cordiales.

Cette situation de carrefour diplomatique qui s'appuie aussi sur un carrefour géographique, la Turquie dominant les détroits du Bosphore et des Dardanelles, clefs de la Mer Noire, est le fruit de l'entrisme permanent de Recep Erdogan à l'échelle internationale, désireux de rendre la Turquie la grandeur et l'influence de l'Empire ottoman.


Un monde de Victimes

Aura et influence

Pour l'heure, force est de constater que le pari est réussi, nombre de nations occidentales faisant appel officiellement ou officieusement à Ankara, pour s'immiscer discrètement dans les négociations sans s'attarder sur la situation des droits de l'homme en Turquie, et considérée comme secondaire au regard de la situation.

Pour autant, si l'influence de la Turquie, son rôle à tout le moins, est avérée, peut-être surestimée au demeurant, celle-ci est aussi nourrie par l'actualité de la situation internationale et de circonstances qui invitent à se tourner vers ce pays aux multiples facettes. Reste donc à savoir si, les crises ukrainiennes achevées ou le Hamas contrôlé, Ankara conservera la même aura. Car, pour mémoire, tout aussi puissant fut-il, l'empire ottoman disparut au profit de la Turquie actuelle.


Douleur et Rupture

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

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