Point de Côté Démocratique

Plongée dans une crise de régime patente, la Vème République semble aujourd'hui à bout de souffle devant une société française appelant à une nouvelle respiration démocratique et en totale opposition avec le profil de celle qui avait validé les institutions de 1958.

A qui faudra-t-il du temps pour se remettre des effets et des conséquences de la crise sociale née de la réforme des retraites ? Au Président ou aux institutions de la Vème République ? Ou les deux ? Ce qui semble d'emblée clair et sans discussion possible, c'est que le Président de la République souhaite, en dépit d'une rencontre programmée avec l'intersyndicale, passer au plus vite au reste de l'agenda présenté lors de la campagne présidentielle de 2022.


Pékin: Si Proche, Si Loin

En bref passer à autre chose avec l'espoir qu'une actualité chasse l'autre. Mais entre le souhait du Président et la réalité sociale, un fossé existe. D'autant plus profond que l'aspect raide et formel des institutions de la Vème République l'on creusé plus encore. Et d'aucuns d'avancer à raison l'usage par le Gouvernement de l'article 49.3 de la Constitution, contesté en France, incompris dans les démocraties voisines.

Aussi, avec un Président désireux d'avancer coûte que coûte dans un paysage social fragmenté, il n'est pas abusif d'avancer le fait que la France est entrée dans une crise de régime. L'expression, maintes fois employée, n'a jamais pourtant pris autant de sens qu'en ce printemps 2023.


Confusion de Genre

Législature et Réflexion

Car rares ont été les circonstances au cours de la Vème République où, en dépit d'une conjoncture économique globalement favorable malgré une inflation encore élevée, les institutions ont inspiré un tel rejet.

La présidentialisation du régime, l'usage répété sous cette législature (mais pas seulement) de l'article 49.3, l'isolement de l'Assemblée Nationale, réduit au rang chambre d'enregistrement concourent, entre autres facteurs à ternir une constitution et une République pourtant conçue dans une logique de stabilité et de stabilisation.

Est-ce à dire que les Français appellent à des institutions moins rigides, à même d'assurer une meilleure représentation des différentes formes politiques du pays et à une perte partielle des pouvoirs incombant au Chef de l'État ? Nul ne le sait car pour en avoir la certitude, il conviendrait d'engager une réflexion officielle, voulue par le Président de la République, qui aboutirait à un projet constitutionnel, voté par référendum. Soit.

Mais en développant l'analyse, le malaise social qui étreint aujourd'hui le pays ne tiendrait-il pas à une forme d'anti-macronisme déjà présent lors de la précédente mandature ? L'idée est séduisante car elle cristalliserait sur un seul individu tous les maux du pays.


Du Point Mort à la Sixième?

Pouvoirs et Moeurs

Pour autant, sans éluder une part d'anti-macronisme, il est craindre que le mal, soit plus profond que cela car engagée dans une inertie coupable depuis de nombreuses années, à vrai dire depuis la mort du Général de Gaulle, père de cette constitution voulue par lui et épousant sa conception du pouvoir, la Vème République se meurt.

Cette constitution sur-mesure, dans laquelle se sont fondus avec une relative aisance ses successeurs, car elle leur accordait de larges pouvoirs, a néanmoins perdu au fil du temps sa pertinence historique et politique, se détachant progressivement des attentes des Français qui eux, en revanche, voyaient leurs mœurs, leurs habitudes et leurs envies évoluer.

Aussi, avancer le fait que la France est une démocratie est fondamentalement vrai. Mais il apparaît aussi que celle fondée par la constitution de 1958 ne correspond plus à celle à laquelle aspirent les Français. Reste à savoir si le Président Macron l'a compris et intégré ou si, comme ses prédécesseurs, il se rangera derrière la légitimité des institutions pour continuer à agir.


Du travail! Mais pourquoi?

 

Bio: Olivier Longhi possède une vaste expérience en histoire européenne. Journaliste chevronné avec quinze ans d'expérience, il est actuellement professeur d'histoire et de géographie à la région de Toulouse en France. Il a occupé divers postes dans le domaine de l'édition, notamment ceux de chef d'agence et de chef de l'édition. Journaliste, blogueur reconnu, éditorialiste et chef de projet éditorial, il a formé et dirigé des équipes éditoriales, a travaillé comme journaliste pour différentes stations de radio locales, consultant en presse et en édition et consultant en communication.

 

Haute Tease